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Café con leche por favor

Il y a cette place au centre du Old San Juan, la Plaza de Armas. Il y règne une ambiance de place de village en Provence au printemps. Je m’installais à la terrasse du petit kiosque à café situé nord-ouest, entourée de plantes et ombragée. Je pouvais y passer des heures à écrire sur mon iPad en sirotant mon café con leche.

Plaza de Armas, Old San Juan, Puerto Rico

Et je regardais.

J’observais les habitués qui trompaient leur solitude au milieu de l’agitation. Les hordes de touristes déversées par les navires de croisières se relayaient à tour de rôle pour se prendre en selfie avec la statue du vieux monsieur assis sur un banc. Des débrouillards vendaient des friandises pour nourrir les pigeons, ce qui faisait frémir les enfants assaillis par les oiseaux, entre peur et enchantement, comme les adultes d’ailleurs. Les employés de la Mairie, reconnaissables à leur élégance administrative, se pressaient d’un bout à l’autre de la place, jonglant entre la conversation avec les collègues, le téléphone toujours à l’œil, et le café à ne pas renverser, le tout en prenant l’air d’être extrêmement affairés. Et puis Yohan, l’homme-statue, qui déclamait sa performance métaphysique quotidienne (faut le voir pour comprendre). La barista, quant à elle, restait concentrée sur sa machine, à faire et refaire toujours les mêmes gestes, café après café, comme en état de flow.

La Mairie et les pigeons !

Devenir la muse

À cette terrasse, j’y ai croisé mon moi idéal, mon fantasme. Rigole pas, je suis sérieuse ! Elle était installée à la table d’à côté, et dessinait sur son carnet à croquis (ô fantasme) un lézard qu’elle avait pris en photo avec son téléphone. Un de ces habitués des lieux s’est joint à elle, par manque de table libre. Ils entamèrent une petite discussion sympathique, sociable qu’elle est (ô fantasme), abordant des sujets divers et variés comme son mari avocat et américain ou les gilets jaunes. Elle était française, comme moi, sauf que je serais bien en peine de parler des gilets jaunes (ou d’avoir un mari avocat et américain). Elle était habillée très simplement, mais avec ce petit truc élégant et indéfinissable connu sous le terme de « French Touch ». Elle m’a fait penser à Garance Doré (ô fantasme), beauté naturelle (ô fantasme), intelligence assurée (ô fantasme), talent artistique (ô fantasme), et charisme à toute épreuve (ô… oui ça va… on a compris…). Quand je serai grande, je serai elle.

C’est elle. En plus, elle a une tête à chapôôô !

Tu as déjà réalisé un fantasme ? Je me souviens de celui-là. Il y a environ une vingtaine d’année, j’ai suivi une formation en Agencement d’Intérieur. C’était une formation à l’ancienne, avec table à dessin et non pas ordinateur. Je faisais donc régulièrement le trajet à travers la ville avec mon carton à dessin format raisin sous le bras. Je te raconte pas le kiff ! Un carton à dessin, un vrai, avec des vrais dessins dedans que j’avais fait moi-même avec mes petites mimines ! Putain de fantasme qui se réalisait !

Et le fantasme de faire le tour du monde, on en parle ? Moi, je suis en plein dedans, et je ne suis que sérénité et gratitude. Enfin… la plupart du temps.

Si toi aussi un jour tu passes par la Plaza de Armas, arrête-toi, prends le temps de déguster un café con leche, et apprécie ce moment.

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