J’écris beaucoup analogiquement, c’est-à-dire papier/stylo. Comme le clavier de mon iPad a rendu l’âme, il ne reste que le clavier tactile et je ne sais pas l’utiliser avec mes dix doigts, seulement deux. Que ceux qui ont appris à taper sur une machine à écrire lèvent la main ! Du coup, écrire à la main est plus rapide. Et puis la réflexion est plus puissante aussi, il me semble. Bref…
Du coup, j’ai plein de notes écrites qu’il faut que je retranscrive si je veux en faire quelque chose, comme les publier. Tu vois ?
C’est ce que je vais faire aujourd’hui avec les notes que j’ai prises en regardant cette vidéo de Matthew Hussey qui m’a beaucoup touchée. Ça va très certainement me prendre plusieurs fois 30 minutes, donc plusieurs jours de NaNo. Mais je suis contente, ça en vaut la peine ; ce sujet me passionne, la masculinité.
J’aime bien Matthew. Il est chouette. Et très souvent pertinent, même si j’ai du mal avec le cloisonnement homme/femme. J’y reviendrai. Matthew s’adresse aux femmes qui veulent trouver ze one, même s’il est parfaitement au clair que ce concept du ze one ne tient pas debout.
Dans cette vidéo, il parle d’une expérience qu’il a vécu, une retraite organisée par Wim Hof, entre hommes. Wim Hof, c’est Ice Man ; le mec ne craint pas le froid. Il a grimpé l’Himalaya (je crois) topless, avec seulement un short et des chaussures. Oui oui, quasiment à poil, sous l’œil des caméras pour en immortaliser la preuve. Même pas mal ! Apparement, il maîtrise son système limbique ou quelque chose comme ça, et apprend ces techniques à qui veut bien se plonger quotidiennement dans des bains de glaçons… sans moi… même si le challenge de 30 jours de douches froides (en Guadeloupe, donc froid relatif) que j’ai fait après la lecture de son livre continue à me servir aujourd’hui (respire, Virginie, le souffle !).
C’est Lewis Howes (j’aime bien Lewis aussi), très ami avec Matthew, qui a insisté pour que ce dernier participe à cette retraite réservée à des successful leaders, des winners qui winnent parce qu’ils travaillent sur eux-mêmes. On est au taquet dans le self-development.
Pendant ces 10-15 jours, je ne sais pas, ils ont vécu ensemble, se sont ouverts, ont parlé de leurs vulnérabilités, leurs peurs, leurs insécurités, toussa. Ça a créé une vrai intimité, et une vraie amitié. Fraternité. Ils se sentaient assez en sécurité pour se laisser aller aux confidences. C’est pas forcément facile de balancer ses traumas à la face d’autres humains, d’autant plus que ce sont des winners, être fort fait partie de leurs valeurs/leurs devoirs. Tout se mélange. Impératifs de masculinité, nécessite de vulnérabilité. Celui qui pisse le plus loin. Compétition. Faire comme si c’était facile.
Quelques jours après cette retraite fraternelle, Matthew doit prendre l’avion, et se retrouve pétrifié. C’est vrai quoi, ce genre de chose peut s’écraser ! D’habitude, ce n’est pas un problème pour lui mais cette fois-ci, non. Peut pas. Peur panique. Dans la salle d’attente, il appelle une amie (une !) et lui fait part de son angoisse. Elle lui conseille de prendre soin de lui. Ce qu’il va faire en rentrant finalement chez lui, alors qu’il était plutôt dans le mood « don’t be a pussy » et prêt à y aller en force.
L’homme est un loup pour l’homme.
Une fois chez lui, il a envoyé un message à son groupe de retraite fraternelle pour partager avec eux cette expérience. Il avait quand même peur de passer pour un faible.
Fin NaNo 04
Reprise NaNo 05
En fait, il fut le premier du groupe a ainsi partager une expérience. Cela a généré une avalanche de vulnérabilité. Ils étaient tous retombés dans leurs vieux réflexes d’hommes forts et performants.
“Women say, you don’t know what we have to deal with men. Women have to put up with men. But men have to put up with men too. Men are also shit to men. In a different way, yet…”.
Je suis d’accord avec lui. Et ça m’énerve. Je pense sincèrement que si les hommes ne se traitaient pas aussi mal entre eux, aussi violemment, il n’y aurait pas de sexisme, le féminisme n’aurait pas lieu d’être. Ces impératifs à être fort, un homme alfa, à avoir le dessus sinon tu vas te faire bouffer, etc., viennent des hommes. Et cette pression, ce mal-être immense, a les répercussions les plus néfastes sur toute la société, dans chaque relation. Et on joue tous avec ces codes. Moi la première. Après tout, ze image of ze homme ultime pour moi reste Indiana Jones. Et moult femmes s’extasient sur 50 Shades of Grey ou 365dni. Beaucoup disent vouloir que leur homme fasse preuve de vulnérabilité et de sensitivité (merde, c’est pas un mot français… comment on dit en français ?), pour être immédiatement turned off quand ça arrive. La virilité a de beaux jours devant elles.
Oui, tout ça est très cliché et hétérocentré. Normal, je parle de moi. Je ne connais pas les autres façons, ou alors de très loin. Si tu veux aller les voir de plus près, n’hésite pas. Ce n’est pas mon objectif ici de t’éduquer, seulement de partager mon point de vue seulement ce que je connais, aussi imparfaite que je suis.
Un jour, j’ai lu un truc qui m’à profondément marquée, je ne sais plus où. L’écrivain parlait de l’origine des rites de passage, tu sais, quand le jeune homme est en âge de devenir adulte et que la tribu l’envoi se perdre et que s’il arrive à survivre tout seul, c’est un homme. Ce serait une réponse à l’arrivée des règles chez la femme. Une jeune fille n’a pas besoin de se créer ce genre de rituel. Un jour, elle a ses règles et paf! c’est une femme ! On va la marier, elle va pondre, adjugé. Sa maternité « innée », sa féminité, son statut parmi les autres lui tombent littéralement dessus du jour au lendemain. Un homme n’a pas ça. Il devient « quand » un homme ? Quand il a prouvé qu’il est en capacité d’avoir une famille et d’avoir une place dans la société. Et cela en passait par la violence et la preuve de force. Comme pour la femme : la violence du mariage et la force de donner vie. C’est pas rien.
Fin NaNo 05
Reprise NaNo 06
Dans un épisode des Couilles sur la table, ne me demande pas lequel (j’adore ce podcast !), elles racontent comment des psy ont examiné quand survenaient les premières dépressions chez les enfants. Pour les filles, cela se passe au moment de la puberté. Premières règles, on y revient. Passage officiel au status de femme. Le désormais fameux « et paf! ». En ce qui concerne les garçons, il y en a deux. Le premier vers les 6/7 ans, l’âge de raison, le moment où le monde lui apprend qu’il va devoir dire adieu à ses émotions, parce que les garçons, c’est fort, ça pleure pas, sinon t’es une fille ! Ouh l’insulte ! Il va devoir jouer à la bagarre et à la guerre. Castration émotionnelle dévastatrice. Le deuxième épisode dépressif survient vers les 18 ans. Ça y est, maintenant, t’es officiellement un homme, un vrai, un tatoué, avec du poil au menton. Pour le reste de ta vie. Sceller et enterrer sous des mètres cube de béton le cercueil contenant les sentiments et les émotions. Basta ! Et paf! aussi. Mois, ça m’horrifie. Pas toi ? Dans ces conditions, comment veux-tu que le féminisme gagne si on ne règle pas d’abord ces problématiques purement masculines ?
Ces problématiques sont d’ailleurs bien expliquées par Lewis Howes (oui, le même) dans son livre The Mask of masculinity. Il y raconte son parcours de deconstruction de tous ces (ses) stéréotypes de masculinité auxquels il s’est plié pour être un homme, un vrai, tant au niveau physique que psychologique, émotionnel, et comportemental, et combien ça l’avait empêché de s’épanouir et d’être heureux.
Un autre exemple. Un beau gosse acteur, Boldoni ou quelque chose comme ça, est devenu papa il y a quelques années, une petite fille. Étant déjà sensibilisé au féminisme et tout, cela ne lui causa aucun problème d’inculquer ces valeurs à sa pitchounette. Plus récemment, il est devenu papa pour la deuxième fois, un garçon. Et là, catastrophe ! Mais comment on éduque un garçon pour en faire un homme bien ? Pis c’est quoi, un homme bien ? Il est tombé dans des abysses existentielles et en a fait une chouette série de conversation avec différents hommes, de tous les genres et toutes les sexualités (demande a YouTube). N’ayant trouvé de réponses à ses questionnements nulle part, il est allé les chercher lui-même. C’est vrai ça ! C’est quoi, un homme bien ? Un homme tout court ? Pis une femme, c’est quoi, du coup ?
Moi je pars du principe que nous sommes tous des humains, avec chacun ses caractéristiquespropres. Caractéristiques psychologiques, sociologiques, physiques, physiologiques, et autres. La connerie et l’intelligence n’ont pas de sexe. Pas plus que la gentillesse, la force, la résilience, la violence, l’amour…
Je pense qu’il faut ouvrir le dialogue sur ces sujets, notamment un dialogue entre hommes. Esther Perel est d’ailleurs une grande avocate de cette ouverture. Elle voit tellement d’hommes passer dans son cabinet qui s’imaginent être les seuls à être confrontés à ces problèmes. Elle crève d’envie de leur dire que justement elle en connaît des dizaines. Elle crève d’envie de les mettre en contact pour qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls, partager et se soutenir. Mais le secret professionnel l’en empêche. C’est pour ça que son podcast Where should we begin est une merveille. Cette femme est une merveille.
Moi, je pense que chaque personne qui parle de ses ombres est lumineuse, pour elle-même et pour les autres. Elle éclaire le chemin, propose d’autres possibles, révèle des choses en soi auxquelles on n’aurait jamais pensées tout seul. Inspiration.
Bref. C’est un sujet qui me passionne et m’intéresse intensément. J’aime les hommes. Profondément. Ils méritent mieux. Ils seraient tellement plus sexys sans patriarcat !
Ça me fait penser à la première fois que j’ai vu un homme en jupe, c’était il y a 25 ans, à New York. Je suis restée scotchée devant tant de sexitude. Depuis je rêve de voir des hommes en jupe partout ! Bah quoi ?!?!?
Avec toutes ces conneries, on me regarde comme une pestiférée quand je dis que je ne suis pas féministe. J’ai du mal avec ce cloisonnement. Beaucoup. Les hommes contre les femmes. Parfois même jusqu’à vouloir faire subir aux hommes ce que les femmes subissent. Bourreaux de bourreaux. Absurde. Je comprends qu’on en soit arrivés là. Mais pour moi, c’est trop superficiel. Le combat est bien plus profond, et pas nécessairement où on l’attend. Je pense que c’est avant tout un problème masculo-masculin. Tu fais tomber tous ces masques et ces obligations, et ça ira déjà immensément mieux. C’est mon point de vue. T’en penses ?
Purée, ce fut laborieux ! Et encore, je suis sure que j’ai oublié plein de trucs. Mais l’exercice du flot de pensées est réussi !