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Dépression (NaNoWriMo 2020-03)

C’est la première fois de ma vie que je suis en dépression. J’ai déjà eu des moments très bas mais jamais de vraie dépression. Évidemment, je ne suis pas officiellement diagnostiquée, je te rappelle que je suis au fin fond d’Haïti. Et puis cela me servirait à quoi ?

D’habitude, j’ai un niveau de « bonheur » plutôt stable, et au dessus de la moyenne, genre « je me sens bien, ça va ». Et je souris, légèrement, de façon quasi-constante.

Là, mon niveau de bien-être est en permanence en dessous de la moyenne, je tire une tronche de 10 pieds de long, et je souris rarement. Et quand je souris, j’ai envie de pleurer. Je suis triste, j’ai envie de pleurer. Je vois un truc joli, j’ai envie de pleurer. Je pense à ma situation, j’ai envie de pleurer. Je regarde un reportage du Met sur YouTube, j’ai envie de pleurer. Bref. J’ai tout le temps envie de pleurer. Ambiance.

Et je ne sais pas quoi faire de tout ça.

Alors certes, il en ressortira des trucs bons. Je sais d’ores et déjà les leçons que je vais en tirer : lâcher prise, être à l’écoute de mes émotions et mon corps, du self-love, je serai plus forte toussa toussa bla bla bla. Mais je m’en contrecarre. Pas à ce prix-là. J’en chie moi là. Va te faire foutre, toi, l’univers et tes leçons de vie ! T’as pas un autre moyen de m’apprendre tout ça ? T’es obligé de me mettre plus bas que terre au point d’avoir envie d’y rester ? Salaud.

Je ne sais vraiment pas quoi faire de tout ça. Il n’y a rien à faire. Attendre. Laisser le temps passer. Tenir. Grappiller la moindre bribe d’énergie qui passe pour ne pas m’écrouler.

On va avoir une cuisinière. J’espère que cela va aider. Mon corps prend trop cher avec ce régime. Et puis je vais reprogrammer un week-end à l’hôtel à Pedernales. Ça n’aide pas les finances, mais au moins je n’ai pas peur qu’il me pleuve dessus quand je dors. Et y’a du wifi ! Tellement de micro-choses à gérer, à prendre en compte, à anticiper, à régler, à manager, à prendre soin. C’est énergivore. Plus l’inquiétude de la suite. Du manque de suite. Il n’y a rien après en fait. Il n’y a pas d’après. Pas d’horizon, pas de sortie, pas de projet, si ce n’est garder ce corps en vie. Sans la moindre raison pour cela à part le fantasme de reprendre mon tour du monde. Utopie. Un film dans ma tête. Les connexions neuronales des films que je me fais dans ma tête, voilà ce qui me tient en vie. La matrice. L’illusion de la vie. Chouette… 

Oui, je sais Leo, j’ai compris, la vie est effectivement une illusion, mais c’est mieux quand tu n’es pas au courant, non ? Non. C’est mieux quand tu peux choisir ton illusion. Alors je vais continuer à me faire des films dans ma tête, à défaut d’avoir l’énergie de les concrétiser.

Planter des arbres. Boire du café. Dessiner pendant une demi-heure. Écrire pendant une demi-heure. Me nourrir aussi bien que possible. Ne pas me laisser happer par le vide. Résister.

Merde, j’ai oublié de mettre le timer… ça fait combien de temps là ??? M’en fou, tant pis. Peu importe. J’arrête.

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