Le petit bateau avance gentiment mais sûrement. La mer est agréable, calme. Un double arc-en-ciel complet sur l’horizon plat nous souhaite le meilleur des voyages. Il est à nos côtés. La nature est avec nous.
Nous sommes le 9 juin 2018. Cela s’est passé très rapidement « Bonsoir Virginie. J’ai cru comprendre que tu souhaites aller à Montserrat. Il me reste une place sur le bateau samedi, si cela t’intéresse ». Panique, gros coup de rush, petit repas avec les amis, bouclage des sacs, derniers objets à donner, et me voilà sur le bateau moins de 48 heures après.
Je lui ai à peine dit au revoir. Absorbée par les instructions du Capitaine et l’appréhension du mal de mer, je n’ai pensé que trop tard à lever une dernière fois les yeux sur lui. C’est peut-être mieux ainsi. Pas d’au revoir, mais un simple « À plus tard ! » ; c’est une sorte de tradition dans sa famille.
Le premier pas est fait. C’est plutôt facile. J’ai l’habitude de dire que, souvent, on a l’impression de se retrouver les pieds au bord d’une falaise au fond insondable alors qu’en fait, une fois qu’on a sauté le pas, on se rend compte que ce n’est qu’un con de trottoir. Je n’en suis pas à ma première « falaise », alors ça va, je gère !
Je te laisse réfléchir un moment sur cette charmante métaphore du con de trottoir. Si si, réfléchis, prend ton temps, je ne bouge pas. S’il y a une chose à retenir de ces quelques lignes, c’est bien ça.
C’est bon ? Alors on continue.
Le petit groupe sur lequel je me suis greffée est jeune et de bonne humeur. Nico, le Capitaine, nous demande si nous sommes d’accord pour un peu de musique. Au taquet ! Alors il nous balance un bon vieux reggae tout doux, voire même un peu nostalgique (du moins c’est ce qu’il m’a semblé à ce moment-là), pour nous accompagner les cheveux au vent.
Du reggae… Nostalgique… Un bout de lui, quoi…
Un regard sur la côte sous le vent qui s’éloigne. Ma gorge se serre. Non, ce ne sont pas les embruns sur mes joues. Tristesse et joie mêlées. Soulagement aussi. J’ai la certitude d’avoir fait le bon choix.
Le premier pas est fait. Le voyage a commencé. Je suis une tourdumondiste !
Et je n’ai même pas eu le mal de mer.