Montserratienne ? Montserrataise ??? Bref. Un jour, j’irai vivre à Montserrat.
Jackenson est responsable de maintenance au mini aéroport de Montserrat, l’aéroport normal étant sous une belle coulée de cendre. Il est aussi guide le week-end, et deux ou trois autres choses. Et c’est un gars très sympa. Il est très connu sur l’île, et a beaucoup de relations, comme tous les montserratois. C’est l’avantage des petits villages, tout le monde se connaît. On ne peut pas faire 10 mètres sans dire bonjour à quelqu’un, et à l’occasion papoter. Ce qui engendre un allongement du temps de trajet. Mais on s’en fout, on n’est pas pressé. Et l’île est petite. Et il n’y a pas d’embouteillage. Donc on fini toujours par arriver au bon moment.
Interlude – Arrêtons-nous un instant sur cette phrase : « Donc on fini toujours par arriver au bon moment. » Oui, c’est une phrase de moi. Ceux qui me connaissent savent combien les histoires de temps, et particulièrement de retard, sont une vraie raison de pêtage de plomb pour moi. Le voyage a cet effet-là, il te fait relativisertes irrationnalités même les plus incrustées. Mais ce n’est toujours pas une raison pour arriver en retard ! Non mais !
Il y a ce goût de tranquillité à Montserrat. Les jolies petites maisons y sont colorées et confortables, assorties d’un jardin ombragé et fleuri. Par contre, il vaut mieux être véhiculé. C’est la montagne ici ; ça monte et ça descend et ça tourne sans cesse. Quelques courageux cyclistes osent s’aventurer sur leurs valeureuses montures (si si, j’en ai vu un), mais sinon, je te conseille le bus ou le taxi. Oublie la marche. Ça n’a peut-être pas l’air loin, mais entre les montées et les descentes et les entrelacs, ça triple la distance.
Ou le stop. Ça fonctionne très bien le stop. À peine le pouce levé qu’un sympathique chauffeur s’arrête et fait le détour nécessaire pour te déposer à ta destination. Tu peux y aller en toute confiance. C’est tellement petit que tout le monde est au courant de tout, donc personne n’ose faire des trucs chelous. En plus, Dieu est partout. Ça ne faisait pas 24 heures que j’étais arrivée que Jackenson m’embarquait à l’église en famille, façon prêche à l’américaine et gospel tous en cœur. Mais c’est encore un peu trop frais, je préfère ne pas en parler pour l’instant…
Nous nous retrouvons donc avec l’équation suivante : Dieu est partout + des yeux partout = quasiment pas de délinquance à Montserrat. Tu peux laisser ta maison ouverte sans problème. Il y a bien une prison, garnie d’une petite vingtaine de prisonniers qui sont, pour la plupart, paraît-il, de dangereux plaisanciers débarquant sur l’île avec des substances herbacées illégales à fumer. On ne badine pas avec ces choses-là sur le territoire de sa Majesté.
À propos de sa Majesté, c’était son anniversaire ce lundi-là. Avec officiels de sortie, fanfare venue spécialement d’Antigua, défilé militaire et remise de médailles. Sans oublier le buffet. Un truc de fou : j’ai célébré la Reine ! L’ambiance était d’une solennité décontractée et bon enfant, avec quelques morceaux de fanfare bien entraînants.
À part ça, la vie s’écoule doucement à Montserrat. Tout le monde y est le bienvenu. C’est un vrai melting-pot de nationalités. D’ailleurs, ils proposent des ponts d’or à tous ceux qui veulent s’y installer. Il y a tant à faire. Tu vas sur le site du gouvernement jobs.gov.ms et tu regardes les annonces. En fait, tu peux postuler de n’importe où, peu importe ta nationalité, à partir du moment où tu as des compétences et de la motivation, et si tu es choisi, ils te payent le billet d’avion, t’aident pour te loger, te déplacer, te forment aux frais de sa Majesté, et d’autres trucs bien agréables et accueillants de leur part. Ils apprécient aussi énormément les candidatures spontanées.
Je dois t’avouer que j’ai failli y rester. Mais je trouve qu’arrêter mon tour du monde dès la première étape, c’est un peu con. Peut-être plus tard, quand j’aurai besoin d’un peu de stabilité et de tranquillité. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’endroits sur cette planète qui soient aussi paisibles et tranquilles. Un p’tit job ou un p’tit business (les opportunités sont énormes !), une p’tite connexion internet qui va bien, un p’tit potager créole, et hop ! La belle vie !
Un jour, je serai montserratoise et ce sera bien.